Critique de l'album
- Rising Doom (2011)

le 06/09/2011 par olivier

Ca faisait un bon moment que ma bibliothèque musicale criait au désespoir en terme d’électro. J’ai mes classiques (nombreux, certes), mais à force de les écouter en boucle comme un dégénéré, j’ai eu soudain l’impression que leur saveur s’étiolait, qu’ils perdaient en puissance, que leur vigeur de jadis s’était éteinte. Et mes recherches pour pallier ce néant soudain s’avéraient infructueuses, soit que je tombasse sur de la french touch toujours plus fadasse (admirez la rime), soit que les quelques valeurs sûres de mon panthéon électronique fussent touchées par les affres de l’improductivité.

Mais trêve de subjonctifs imparfaits, nous vivons dans le présent, nom de dieu. Et ce présent est parfois bien agréable, surtout lorsqu’on tombe un peu par hasard sur Mondkopf, ce français peu connu de 25 ans qui vient de sortir son troisième album, Rising Doom. Loin de marcher dans les sentiers battus et rebattus par les sacro-saints labels Kitsuné et Ed Banger, Mondkopf serait plutôt du genre à figurer parmi les artistes produits par Warp, et surtout aux côtés de Chris Clark, auteur du somptueux Turning Dragon, sorti en 2008. Les deux gaillards partagent la même passion pour les beats torturés, violents, ravageurs, pour ce son typé dont les kicks marteleurs sont accompagnés d’envolées mélodiques grinçantes et saturées, envahissant l’espace sonore, pour des rythmiques parfois martiales, et toujours grisantes. Deux morceaux particulièrement, se ressemblent, et dialoguent: écoutez « Beg » de Clark, puis transitez sur le plus calme mais non moins envoûtant « Day of Anger » de Mondkopf, vous verrez peut-être de quoi je veux parler. Et pour ceux qui seraient sceptiques, observez les similitudes entre « Sweet Memories », « The Song of Shadows » et le style général de Totems Flare, dernier album de Clark. Pourtant, entre les deux artistes, quelque chose diffère clairement, et tant mieux. Alors que Clark compose selon des schémas compliqués, passant d’une structure rythmique à l’autre de façon imprévisible, Mondkopf a choisi une certaine régularité et une progression relativement linéaire dans Rising Doom. Mais cela convient parfaitement au « propos » de l’oeuvre: l’imminence d’une espèce d’apocalypse, encore lointaine dans « Beyond the Golden Valleys », mais particulièrement menaçante dans le violentissime « Where the Gods Fall », clôturant l’album. Tout cela, le Français le distille subtilement, en commençant dans la mélancolie, et en finissant dans la sauvagerie la plus totale sans qu’on l’ait vraiment remarqué, car une certaine douceur s’immisce toujours dans les morceaux: quelques petits accords de piano, dans le lointain, des voix nostalgiques, litaniques, viennent toujours signaler que l’humain est encore là, mais confiné dans des régions toujours plus inquiétantes, au bord de l’affaissement. Les machines se font toujours plus oppressantes, marchant avec rage et précision sur les dernières demeures des derniers hommes. Mais quelque chose de vivant demeure encore, à la fin du voyage. Une existence « sur le fil » qui fait toute la beauté de Rising Doom.

Et pour ceux que ça intéresserait, Mondkopf se produit le 9 septembre 2011 au Romandie à l’occasion du festival Electrosanne. En live, ça promet aussi:

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4 commentaires

  1. victor dit :

    Wow, ça ninj à fond ! Vais me procurer ça. En tout cas la track que t’as postée est fantastique !

    C’est très Soulwax en fait, dans ce qu’ils ont fait de meilleur.

    • olivier olivier dit :

      Ouep! ça ninj à fond comme tu dis! Et le reste est vraiment bon aussi…Toutes les tracks ne sont pas aussi nerveuses, mais l’ensemble est vraiment excellent.

  2. ivan dit :

    Yep, ça a l’air ‘achement bien, comme dit Victor ! Faut que je me procure ça au plus vite.

  3. Joséphine dit :

    Très très bon!