Critique de l'album
- Blueberry Boat (2004)

le 10/09/2011 par benoît

Blueberry Boat est l’une de ces construction maniaque et démesurée qui n’appartient qu’à l’esprit de son créateur et en conserve l’image éminemment triturée. Tant qu’il est parfois difficile de savoir quoi faire lorsque ce genre de labyrinthe de circonvolutions émerge au grand jour. Il y a donc quelque chose qui tient à la fois du jeu et du génie autiste dans la création des frères et soeurs Friedberger, mais pour tout ce que son caractère personnel a de polarisant, ce long album de pop (qu’on dira progressive) au style cabaret électronisé s’impose comme une sorte de monument dans le paysage indie de ces dernières années.

Dans sa structure déroutante, en poupées russes, Blueberry Boat est un album aux idées et au ton exubérants et énergiques. Celles-ci s’étalent ainsi en de longues pièces qui chacune se décomposent en fractales lunatiques et talentueuses, unies dans un paysage sonore plutôt complexe, experimental, qui mêle nappes de synthé et cordes sautillantes (guitares et piano) dans un style qui donne une constante impression de cascades, une atmosphère pétillante mais aussi un peu menaçante, ondulatoire, avec quelque chose de robotique. L’album acquiert par là une personnalité en partie dure et mélancolique, en partie insouciante et heureuse et c’est peut-être bien pour cette raison que je parlais d’atmosphère cabaret.

L’aspect complexe et psychédélique du disque ne doit pas éclipser son fond pop, relativement lumineux. Les mélodies des synthés et de la guitare et surtout les lignes de piano sont merveilleuses, tandis que le chant tranchant et affirmatif d’Eleanor est un plaisir et n’est  pas sans rappeler Dagmar Krause. Après avoir poussé son style à l’extrême sur les premières plages, le milieu de l’album (depuis Mason City) introduit davantage d’assise et adopte un côté balladesque à l’effet des plus agréables. A ce moment là, on est déjà loin dans l’intimité de l’album (ou alors totalement laissé à l’extérieur) et on se laisse glisser sur la fin de ce grand album toboggan. Et on se rend alors compte qu’il est un peu aérien (ou maritime tiens), élégant, poignant.

Les amateurs peuvent s’intéresser ensuite à l’album: Parenthetical Girls – Entanglements

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