Critique du film
Tournée (2010)

le 11/08/2011 par olivier

Road movie burlesque de Mathieu Amalric, avec Mathieu Amalric, Miranda Colclasure, Linda Marraccini, Julie Ann Muz, Ulysse Klotz.

Vous avez peut-être vu Mathieu Amalric jouer le rôle du méchang dans le dernier James Bond (Quantum of Solace), vous savez, ce richissime faux philanthrope qui veut contrôler le marché de l’eau potable, et qui a quand même une sacré tronche de Norman Bates:

Mais alors ouais carrément! Il a les yeux qui partent en vrille et on a l’impression qu’il va nous exploser le crâne par la pensée. Enfin.

Toujours est-il que Mathieu Amalric, après ce rôle rigolo mais un peu seul dans le marasme un rien fadasse du film de Marc Forster, a réalisé deux ans plus tard une petite pépite improbable, le sus-mentionné Tournée. Présenté à Cannes en 2010 et lauréat du Prix de la Mise en Scène, le film raconte la tournée (eh oui) française d’une troupe de stripteaseuses américaines emmenée par Joachim Zand (Mathieu Amalric), ancien producteur parisien revenu d’un « exil » aux USA.

On pourrait d’abord penser qu’il s’agit d’un scénario on ne peut plus banal. Oui mais non, et pour plusieurs raisons. D’abord, parce que l’équipe d’effeuilleuses engagées pour le film, le New Burslesque, existe vraiment, et qu’elle est bien originale. Avec ces filles, on est en effet bien loin des showgirls de Verhoeven et de leurs tailles de guêpes; ici, on est plus proche d’une compagnie de Germaines qui débordent un peu, qui ont un peu abusé sur le gloss et qui aiment beaucoup le pâté. Ensuite, parce qu’elles appartiennent à une vieille tradition burlesque, politisée et volontairement désuète, qui défonce sur fond de Screamin’Jay Hawkins, dans les salles un peu pourraves mais survoltées qu’elles fréquentent, toute l’esthétique pornochic du striptease « classique ». Enfin et surtout parce que Amalric a réussi, sans prétention et avec beaucoup de classe, à faire de ce qui aurait pu être un simple vrai-faux documentaire une comédie douce amère, rythmée, insolente et musicale qui dénonce en partie un certain regard sur les corps, mais soutient surtout une frange parfois oubliée du cinéma: les gens normaux.

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