Critique de l'album
- Nigeria 70: The Definitive Story of 1970s Funky Lagos (2001)

le 04/07/2012 par benoît

L’Eldorado musical africain se devait de commencer par le Nigeria. Patrie de langue anglaise, elle mêle ses héritages traditionnels (guitares-percussions et cuivres uptempo, format big band) à la musique funk américaine aux débuts des 70 et enfante avec Fela Kuti le représentant le plus frappant et prolifique du continent. En quelques années de ce dialogue intercontinental, tout le monde à Lagos se prend pour James Brown, de même qu’au Ghana et en Sierra Leone d’ailleurs. Avec toute l’énergie et le côté garage d’une jeunesse sous dictature militaire.

Inutile d’élaborer les raisons pour lesquelles l’Occident ne s’est rendu compte que récemment qu’un continent comme l’Afrique était une mine d’or pour les archivistes et l’occasion d’inonder quasi à l’infini l’amateur Européen curieux de compilations passionnées et documentées. Toujours est-il que l’Ouest-Afrique était une évidence. Kuti avait gardé un rayonnement international, Talking Heads avait sous l’influence de ce dernier dominé New York début 80s, l’on disposait d’une scène plus ou moins bien dessinée, et surtout d’une musique immédiatement attrayante, bien trempée, aux grooves intriqués inarrêtables, aux accents mélodieux uptempo, beaucoup de passion et en prime des choeurs en backing, toute à la fois suffisamment ancrée et exotique. Je n’égrène pas cela péjorativement, le bassin Nigérian offrant effectivement un talent accessible et authentique.

Nigeria 70: The Definitive Story of 1970s Funky Lagos a déjà 10 ans, et n’a, heureusement, rien eu de définitif ne serait-ce qu’en vue de l’abondante production estampillée par des labels au top de leur forme tels Soundway, Analog Africa ou Strut eux-mêmes. La sélection est ici regroupée en deux cds autour des ténors (Kuti, Allen, Onyeabor, Uwaifo, Adé), dans des styles de tout bord qui vont bien au delà du funk (le dubbesque et tourmenté Better Change Your Mind par exemple), et se révèle donc idéale pour embrasser la scène. En supplément, un documentaire par Sue Bowerman éclaire la naissance de l’Afro-funk et donne des point d’ancrages fort utiles pour qui veut explorer l’héritage régional.

A ce sujet, les amateurs enthousiastes peuvent se diriger ensuite vers: VA – Nigeria Special: Modern Highlife, Afro Sounds & Nigerian Blues 1970-6 (2008, Soundway Records), et VA – African Scream Contest: Raw & Psychedelic Afro Sounds from Benin & Togo 70s (2008, Analog Africa).

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Un commentaire

  1. lorrain dit :

    C’est vrai que ça sent son James Brown, le morceau que t’as posté… Ca me plaît!

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