Critique du film
Poupoupidou (2011)

le 06/04/2012 par lorrain

Poupoupidou est le deuxième long-métrage de Gérald Hustache-Mathieu. Traduit en anglais avec moins de succès Nobody Else But You, Poupoupidou raconte, je vous le donne en mille, une histoire qui parle de près et de loin de Marilyn Monroe, mais la pin-up qu’on s’apprête à suivre si l’affiche ne nous a pas rebutés par ses reflets décrépits de vieux strass réutilisé, ou bien si on a un certain goût pour le pathétique, cette diva c’est Martine Langevin, alias Candice Lecoeur, parfaite imitation, mais franc-comtoise, de l’idole hollywoodienne.

A ce moment-là, ça sent déjà un peu le sapin pour l’intérêt du spectateur, au moins autant que pour la jeune Candice dont on imagine le destin tragiquement saturé de barbituriques. Mais en plus du sapin, ça sent aussi le fromage, et ça c’est moins commun, surtout pour le caractère dramatique du drame. Eh oui, le fromage; disons que Poupoupidou, pour faire court, c’est Marilyn mais avec encore plus de sapin et alors carrément plus de fromage.

Donc Candice commence par mourir, dans le film donc, parce que sinon on apprend vite qu’elle a fait pas mal d’autres choses. Elle a eu une enfance compliquée, puis elle a voulu croire à l’amour avec des photographes qui la trouvaient très photogénique, et alors elle s’est dit qu’elle avait beaucoup plus de chances d’avoir du succès en blonde; et il a suffi qu’elle se la joue un peu star pour que la renommée surgisse au détour d’un calendrier des pompiers. Elle se renomme vite Lecoeur, sur le conseil de sa meilleure amie la coiffeuse, et devient la coqueluche de Mouthe, voire même de toute la Franche-Comté. Là où ça devient spécial, c’est que Candice se prend vraiment pour MM, avec numérologie et preuves de réincarnation à l’appui; et puis par un drôle d’effet mi-prophétique mi, elle se fait peu à peu embarquer dans les mêmes embrouilles que son idole. Tout ça, on l’apprend en suivant David Rousseau (Jean-Paul Rouve), un écrivain qui lui se prend pour James Elroy, mais qui est surtout fauché et à la recherche d’un peu de sensationnel à mettre sous la dent de ses lecteurs de polars cheap.

Les deux ratés, dont la morte, se rencontrent donc à point nommé; David Rousseau se penche un peu sur le cas et, pas con le mec, se dit tout de suite qu’une jeune femme au somment de la gloire, que dis-je au pinacle des monts jurassiens, retrouvée suicidée dans une zone de non-droit, un no man’s land imaginé entre la France et la Suisse, ça sonne louche. Il pousse un peu l’enquête et on lui tape un peu sur la gueule, surtout qu’il met les pieds dans une affaire digne des Kennedys, des secrets d’état faramineux si franc-comtois. Il tient le sujet de son futur bouquin, et en même un début de passion. Car entre l’enquêteur et la défunte commence une relation curieusement intime, avec l’attachement de celui qui veut y voir plus clair et qui s’immisce dans des indices personnels, les journaux de cette fille un peu triste qui s’inventait une grande vie mais qui avait surtout envie qu’on lui prête un peu d’attention. Poupoupidou se joue donc bien du pathétique à la sauce sweet-sour; ça fait rire surtout quand ça grince, et puis qu’est-ce que c’est chou!

En plus de cela, les personnages rivalisent de farfelu et de bêtise. Poupoupidou dépeint à merveille une campagne caricaturalement molle du cortex, consanguinement méchante et pitoyable, le tout avec un ton qui célèbre joyeusement la nullardise. Dans la lignée de films de Chez les Bouzeux (un genre en soi), Hustache-Mathieu, Sophie Quinton et Jean-Paul Rouve viennent s’asseoir avec les tous grands: aux côtés des Grolandais de Louise-Michel, Mammuth, et d’autres classiques du genre comme Les Convoyeurs attendent et éventuellement, si l’on suit la tendance outre-atlantique, l’incomparable Fargo, sur ce Parnasse de médiocrité, Poupoupidou mérite sa place. A déguster de préférence avec un peu moins de la dose létale de somnifères.

 

Poupoupidou (2011) : Fiche technique

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Durée : 01:42:00

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2 commentaires

  1. olivier olivier dit :

    J’aime, mais j’aime les bras cassés!

  2. Grégoire dit :

    Il est génial ce film, j’ai beaucoup aimé le rythme et l’ambiance. Les paysages sont magnifiques aussi. Et l’histoire pas trop compliquée pour moi. :D

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