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Critique du livre
- The Brooklyn Follies (2005)

le 17/08/2011 par ivan

Book cover« I was looking for a quiet place to die. Someone recommended Brooklyn, and so the next morning I traveled down there […] »

La barbe des mamans mortes de Camus qu’on nous cite jour après jour au collège comme le plus puissant début de roman de l’histoire de la littérature. Que pensez-vous de ça ? Moins prétentieux, moins absurde, mais mince, ça donne envie de lire la suite, non ?

Le peupl sait déjà toute l’affection que je porte à Paul Auster. Je me souviens avoir lu très jeune City of Glass, le premier tome de la New York Trilogy, et être passé complètement à côté. Ca me semblait glauque, bizarre, déprimant. Il faut dire que l’auteur est assez influencé par la littérature française et l’existentialisme, ayant vécu plusieurs années à Paris et traduit par exemple Sartre ou Mallarmé. Mais relisant ce roman et les autres de la trilogie quelques années plus tard, c’est un autre texte qui m’est apparu, une capacité fantastique à véhiculer la psychologie parfois torturée des personnages, un jeu sur l’identité qui demande au lecteur de s’accrocher, sans pourtant sombrer dans l’intellectualisme ou l’artificiel.

Il ne faut pas toutefois se fier aux première phrases des Brooklyn Follies. On est loin des délires psychologiques de Quinn, de la perte de soi et  des espoirs vains. Certains thèmes chers à Auster reviennent néanmoins, comme l’écriture et le hasard. Nathan Glass, le personnage principal, cherche à rédiger « The Book of Human Folly », un recueil de toutes les situations embarrassantes et de toutes les erreurs quotidiennes qu’il a commises durant son existence. Suite à certaines rencontres fortuites il change, perd son côté désabusé, devient plus humain. L’auteur le dit lui-même, et je ne saurais l’exprimer mieux : « C’est un livre à propos de la survie », celle d’un type qui comprend que si son quotidien n’est pas héroïque, il ne manque pas de valeur.

Est-ce convaincant ? Absolument. Le roman se lit agréablement, sans être léger. Il retranscrit si bien l’ambiance et la mentalité d’un quartier que je me souviens qu’en le lisant dans un parc à Brooklyn justement, il me semblait mieux saisir la réalité qui m’entourait, un peu comme si j’avais une accroche dans un monde que je ne connaissais en fait pas. Le livre fait tout simplement chaud au coeur, parce qu’il est possible sans être niais, parce qu’on s’attache à ses anti-héros, parce qu’au fond, Nathan, c’est un peu monsieur tout le monde, et que ce vieux bonhomme, ça pourrait bien être nous dans quelques années.

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2 commentaires

  1. victor dit :

    Ah chouette, me réjouis de lire ça sitôt que je me le procure !

  2. lorrain dit :

    En effet, un énorme bouquin sans prétention, un peu à la manière de Nathan Glass, le bon papy renversant tant il est juste, parce qu’il doute et qu’il le fait bien. Une histoire de gens ordinaires avec des soucis ordinaires, mais pour un résultat étonnamment peu ordinaire. Une œuvre toute en jeux de miroirs et mises-en-abîme, qui, comme celle de son personnage Nathan (The Book of Human Follies), donne un sens à ce que veut dire être humain par la multiplication d’anecdotes qui contiennent ensemble leur lot d’héroïsme, de petitesse, de tristesse, de doute, d’action, d’imprévu, d’entraide, de désespoir, de persévérance, d’humour… Et pourtant ce n’est pas le livre des petits riens, c’est plutôt une histoire qui traite de sujets vrais et courants, mais néanmoins importants, de ces questions qu’on est tous susceptible de se poser un jour sans que ce soit exceptionnel ou tragique: pas de meurtre en série, mais de l’attitude face à la maladie et à la mort, pas de catastrophe familiale, mais de divorce et autre désunions, pas de suicide consommé, mais de l’envie et des raisons de vivre… Difficile à décrire, mais ce bouquin est une tranche de vie dans laquelle on croque à pleines dents.