Critique de l'album
- Innercity Griots (1993)

le 29/08/2011 par benoît

Cet album sorti au printemps 93 est mon petit favori en ce qui concerne toutes les choses hip-hop.

Freestyle Fellowship est de son temps à la sortie de cet album. À la suite de la Tribu qu’on appelle quête, il s’agit là d’un hip-hop moderne: créatif, sophistiqué, luxuriant, précis, clairement au delà des drums beats des eighties, dans l’ère du sampling et d’un nouveau travail sur la prod. Et vu qu’à l’époque c’est devenu carrément important: ici on est à l’ouest, LA pour être précis.

Maintenant, comme son nom l’indique, le style pratiqué ici est celui du freestyle, c’est à dire ancré dans la structure première du hip-hop, improvisé de la rue sur des beats minimaux. Un style garage, hmm, libre quoi, et puis aussi communautaire.

A gauche sur l’image vous apercevez, par leurs noms, Mikah Nine, Jupiter, Peace et Aceyalone. Ce qui distingue ces gars là, c’est d’abord qu’ils sont extrêmement forts, avec la langue, le genre de rappeur dont on se laisse aller à n’écouter que les inflexions, à n’écouter plus que le rythme imprimé par chaque syllabe prononcée. Deuxio, ils crachent. Pensez au niveau qu’on trouve sur un « Protect ya neck », yes I mean it, et à vrai dire c’est le cas même sur les plages, assez nombreuses, bâties sur des nappes qui préfigurent sans doute une tonne de trucs à venir. Cette combinaison d’atmosphère et d’agressivité trouve son apex sur le fabuleux Danger. La suite ne contient pas moins de ce mélange de talent cool et agressif: loops jazzy, samples ambitieux, impros de malade (milieu alla ODB d’Inner City Boundaries, fin terrifiante de Way Cool), explorations sonores (le quasi chopped and screwed Bomb Zombies), jouerie (le délirant Hot Potato), funkiness (souvent), de l’immédiat (partout). Nul besoin d’attendre « Pure thought » pour se mettre à crier « classique ».

On pourrait facilement décrire cet ablum comme super fun et simplement spontané s’il n’avait ce côté impressionnant qui contient quelque chose de fou et de méchant, d’incertain et d’un peu epileptique dans ses variations constantes et sillonnantes, un peu à l’image, ouais, de la pure pensée. But that’s hip-hop for you.

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2 commentaires

  1. benoît benoît dit :

    Et pour ceux qui veulent un autre grand album dans un style très similaire: Lords of the Underground – Here come the Lords (toujours de 93).