Critique du film
Essential Killing (2010)

le 01/09/2011 par victor

« …hhh… ahr…

har… hh… ahr… »

Essential Killing aurait pu être un film politique aussi bien qu’un film de guerre ou un thriller. Au final, le genre importe peu, ou alors c’est simplement que j’ai pas été capable de trouver un genre convenant à ce film tant il est original et sort des sentiers battus. Pas étonnant d’ailleurs qu’il n’ait pas été distribué hors des salles d’art et d’essai. Mais faites-vous donc un avis, et posez-vous vous aussi un « c’était quoi ce film ?! » quand commence le générique de fin.

Essential Killing (2010), de Jerzy Skolimowski, avec Vincent Gallo et personne d’autre (le générique cite Emmanuelle Seigner qui n’apparait au total pas plus de 30 secondes à l’écran). Récompensé par le prix du jury et l’award du meilleur acteur au festival du film de Venise 2010.

L’action débute en Afghanistan, où deux militaires free-lance escortés par un soldat américain et un hélicoptère de combat patrouillent dans un canyon. Un homme seul (Gallo), terrorisé, hors d’haleine, en fuite, combattant sans cause apparente ou apparemment sans cause, s’y cache. Lorsqu’ils s’approchent, il les dégomme d’un coup peu assuré de RPG, décampe, est assommé par l’explosion d’une rocket tirée par l’hélicoptère et, assourdi, est fait prisonnier par l’armée américaine.

S’ensuivent de pénibles séquences d’interrogatoires, de camps de prisonniers à la Guantanamo-Abu Ghraib, le tout parfumé de water boarding et de chiens militaires. Gallo est ensuite transféré en avion vers une base militaire secrète dans un lieu non défini, peut-être en Pologne, peut-être en Scandinavie… C’est là, dans la neige, dans la nature sauvage, que débute la fuite. C’est un peu le début du film, aussi.

Du personnage de Gallo, on ne sait strictement rien. Et on n’apprendra pas grand chose, vu qu’il ne dit pas un mot de tout le film. On sait juste qu’il fuit, qu’il évitera la capture quel qu’en soit le prix. Il n’est pas un héros, il souffre, il est désespéré, il veut survivre. De l’intention de Skolimowski on ne sait rien non plus. Comme je l’ai dit, ce n’est pas un film politique. Même s’il nous montre un homme fuyant l’armée américaine en Afghanistan, le propos est bien la lutte de cet homme pour son unique survie, une lutte de cet homme contre son environnement et contre sa souffrance et non une lutte opposant Talibans et Américains. Une histoire sans morale, d’ailleurs.

Un type en fuite qui agit comme un type en fuite. Affamé, il cherche à se nourrir avec une logique plausible d’homme en fuite –et c’est rare au cinéma.

Les paysages et l’image en générale sont à couper le souffle (comme un documentaire sur la nature), mais c’est bien la performance de Gallo qui impressionne le plus. Gallo n’a jamais été James Dean, qu’on soit bien d’accord, il n’a jamais été l’acteur glamour qui ne se salit pas. Mais en acceptant ce rôle, de sa personne il semble donner bien plus que pour aucun autre de ses précédents rôles. Difficile de ne pas y croire quand on le voit tremblant de froid ou terrorisé par une horde de chien, ou souffrant à l’agonie, blessé et rongé de l’intérieur.

Bref, je n’ai toujours pas répondu à la question « c’est quoi ce film ?! » dans cette critique d’Essential Killing, mais il ne m’a ni déplu, ni laissé indifférent. Au contraire.

Essential Killing (2010) : Fiche technique

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Durée : 01:23:00

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