le 06/05/2016 par lorrain
Jeune, encore jeune, plus si jeune, Martin est marié, mais elle est enceinte, de nouveau. De quoi est-ce qu’ils pourraient parler avec le gosse? Son boulot est insignifiant, mais il aime presque les collègues qui l’invitent à se mettre à l’envers et à partager une vulgarité sympathique, quoique convenue. Il lorgne sur la culotte de la secrétaire, il teste son pouvoir de séduction sur une contemporaine à la caisse du magasin. Quand l’occasion se présente de prendre du temps pour lui bien égoïstement, de partir faire un trek dans la nature, avec à la clé la liberté, les grands espaces et l’espoir lointain d’un flirt avec des filles qui partageront la cabane, il est pris du remords du mauvais papa… S’il avait proposé au petit de venir avec. Et sa femme va s’ennuyer.
Martin est le résultat carricatural du non-choix: classe moyenne, pays riche, bonne morale, rien qui détonne. Médiocre. Il a fini casé, villa et barbecue entre familles: qui c’est qui fait les courses, les petites engueulades et les jouissances rapides, en cachette.
La nature, c’est la liberté à portée de la 4G. Avec sa voix off et des gros plans qui font bien comprendre la proximité, on suit Martin dans son exercice libérateur. Les grands paysages, on prend de l’altitude, eau fraîche, ça marcherait presque, Martin se masturbe… il y a comme un couac. Natür Therapy, c’est l’ironie de la nature consommée comme un porno; l’équipement de randonnée high-tech trouve un écho dans les belles images de soleil couchant. Le sentiment serait là, c’est beau, de mordre à ce qui se vend. Le kit alliant nature sauvage et smart phone donnerait presque accès aux rêves de jeunesse, ça brille, ça semble sur le point d’ouvrir à la liberté. Si proche.
Dans une tension constante entre le bien-fondé des frustrations et le ridicule des tentatives d’émancipation, Natür Therapy trouve un rythme en dent de scie qui multiplie les petites chutes carrément drôles. La narration prend à contre-pied la naïveté du consumérisme candide, avec un humour cocasse. La fuite romantique est risible, mais ce serait presque le ridicule qui la sauve.
Avec ce troisième long-métrage bien accueilli par la critique, Ole Giæver signe une performance d’acteur réalisateur dont les points forts sont probablement la dérision et le pince-sans-rire.
Réalisateurs :
Auteur :
Acteurs :
Durée : 01:20:00
Étiquettes : 2010-2019, comédie, consumérisme, Natür Therapy, nature, Out of nature
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