le 09/03/2012 par lorrain
Finisterrae, la fin des terres, la fin du monde connu, c’est là que se dirigent deux fantômes en quête de sens. Le Finisterre, en l’occurrence, c’est à la pointe nord-ouest de la Galicie qu’il se trouve, soit à la fin du chemin de Compostelle, et même au-delà. Dès l’amorce on sent venir un certain mysticisme précolombien, une dimension tout droit issue d’une religion médiévale crépusculaire, mais appliquée à un monde moderne, peut-être trop moderne.
Dans un décor sur-construit, visiblement un studio, deux voix off, celles de Yuri Mykhaylychenko et de Pavel Lukiyanov, commentent une bande son totalement déconnectée: en arrière-fond, une naissance, un mariage, un hôpital. Et une des voix observe: « я устал от того, чтобы быть призраком», enfin quelque chose comme ça qui veut dire « J’en ai marre d’être un fantôme ». Cinq minutes plus tard, le second plan nous montre les protagonistes dans une grande salle, sur une scène. De ces deux silhouettes de drap blanc, l’une monte un cheval. C’est le début de leur pélerinage; lancés dans une quête mystico-philosopique complètement absurde, leur histoire sera capturée en un genre de road movie expérimental digne des Monty Pythons, ou des frères Cohen, ou avec une touche de Jarmush.
Ca a l’air bien touffu tout ça ; en effet, Finisterrae fait assez nouvelle vague, avec à mon avis plus d’écume que Film socialisme, pour ne nommer que ce dernier. Avec ce chef-d’œuvre de bizarrerie, Sergio Caballero, réalisateur Catalan, signe un premier film qui marie harmonieusement le cinéma de narration et l’expérimentation. Réalisé pour le festival Sónar, une manifestation entre musique st cinéma, le film explore une nouvelle manière de relier l’image et le propos. Finisterrae est en fait la superposition d’une image tournée librement, sans les contraintes d’un script précis, sur laquelle la bande son est comme collée par la suite. Les dialogues, presque tous en russe, sonnent détachés de ce paysage Catalan et Galicien. Ils augmentent le sentiment d’aliénation qu’on peut prêter aux personnages, leur décalage.
Grâce à une véritable maîtrise de l’absurde, l’invraisemblable se trouve entremêlé dans un humour qui inquiète par sa stupidité ainsi que sa profondeur existentielle. Les deux burqa blanches se dirigent vers St. Jacques de Compostelle sur un chemin bien digne d’un voyage médiéval ou d’une quête légendaire, et donc parsemé d’embûches super méchantes. Ils devront ainsi traverser une forêt d’oreilles chantantes, puis faire face à la Créature, un être sous-terrain qui fait au moins aussi peur que le pneu tueur de Quentin Dupieux, mais en version empaillée.
Vous l’aurez compris, Finisterrae c’est de l’héroïsme, du russe, des bêtes vivantes et moins vivantes, un certain nombre d’éclats de rire parce que les gars ils on rien à voir avec la saucisse aux choux vaudoise, et puis le tout est servi dans beaucoup de silence et des décors somptueux, une nature sauvage capturée sans éraflures, de l’art visuel moderne comme il peut plaire à ceux qui commencent à sentir que la nouvelle vague a passé.
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Durée : 01:20:00
Étiquettes : 2010-2019, Glasgow Film Festival, Sergio Caballero
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Wouaouh… Le trailer donne méchamment envie de participer au trip…
Prendre des petits bouts de trucs puis les avaler ensemble, ouais.
Me réjouis de voir ça si c’est trouvable !
Ca a l’air pas mal! Sinon ya aussi « Bienvenus chez les chtis » que j’ai bien aimé. Si jamais…
Ah ouais, super chouette. Et pis t’as vu « La Cité de la Peur »? …
Ouais c’est mon film préféré, surtout quand la fille elle dit au mec « oui, seize », trop marrant!! lol
Ben moi mon préféré c’est Rock, parce que à un moment le mec eh ben il met des boules vertes dans la bouche d’un autre mec et pis après le type eh ben il meurt c’est trop bien!