le 20/08/2011 par victor
« –You people don’t understand a fucking thing about how the world really works.
–I understand. But I understand subjectively.
–That’s fucking nonsense. Your sick minds have been polluted with crap. Your music, movies, science. Fucking bohemians on hallucinogenic drugs. All that shit has poisoned you. And it has nothing to do with the real world. […] you will eliminate control over some fucking artificial reality.
–Reality is arbitrary. »
The Limits of Control (2009)
De Jim Jarmusch, avec Isaac De Bankolé, Bill Murray, Paz De La Huerta, Gael García Bernal, Tilda Swinton, …
Pour moi, The Limits of Control est un hymne à la beauté (graphique s’entend) et à l’évasion nécessaire que procure l’imagination, un film apaisant.
Mais avant tout, c’est un Jarmusch : avec Isaac De Bankolé (4) et Bill Murray (3), avec des gens qui n’ont pas besoin de parler la même langue pour se comprendre, avec quelques pigeons qui volent au dessus des toits de la ville, avec un scénario minimal, avec beaucoup de café, d’aéroports et de trains, beaucoup de marche et de rencontres, …
Magnifiquement servi par le directeur de la photographie Christopher Doyle (dont le nom est associé à Wong Kar-Wai, ayant participé à tous ses films), la cinématographie est une vraie réussite, tant dans les couleurs que dans la composition ou la lumière. Le film se déroule dans l’Espagne actuelle, des paysages magnifiques et des architectures incroyables. Chaque plan est léché, soigneusement étudié, et pourtant rien ne semble lourd ou sur-travaillé. On reconnait décidément la patte du DoP d’In the Mood for Love.
Le synopsis semble trop simple, trop court :
« The Limits of Control raconte l’histoire d’un homme solitaire, mystérieux, imperturbable, en mission. De Madrid à sa destination, il rencontre des gens. »
et je n’en dirai pas plus à propos du scénario, cela gâcherait probablement quelque chose. Au fond, c’est plutôt marrant de décrire le film comme ça. C’est l’histoire d’un mec qui voyage, et comme il voyage il rencontre des gens, et Non ce n’est pas une énième adaptation de Kerouac, vraiment pas, et non ces rencontres ne sont même pas capitales pour le film puisqu’elles sont toutes extrêmement superficielles, comme quand on rencontre au moment de payer ses courses la caissière du supermarché dans l’exercice de ses fonctions.
Je me dois encore de parler de la BO, sans laquelle ce film aurait peut-être beaucoup moins de sens, d’intérêt et de cohérence. Le thème principal et les ambiances sont l’oeuvre de Boris, ici par deux fois associé à Sunn O))). De la drone, donc, des riffs métalliques bourdonnants et planants, des paysages sonores et répétitifs à l’extrême. Et c’est là que la BO et le film sont intimements liés : dans la répétition, à la fois thème et structure de The Limits of Control. (« Are your interested in repetition, by any chance ? »)
En conclusion, regardez ce film pour l’expérience, l’immersion audio&visuelle qu’il procure, et pas pour le suspens ou les retournements de situation.
(C’est un extrait de la BO, pas un trailer.)
Si cette critique de The Limits of Control de Jarmusch vous a déjà convaincu jusque là, évitez le trailer, il spoil trop à mon goût. Et si vous voulez quand même le voir, autant aller profiter du 1080p sur Youtube plutôt que l’intégrer ici.
Tenez, je pensais terminer sur une note marrante en vous demandant quelles étaient vos hypothèses pour expliquer que les filles de moins de 18 ans ont donné 9.4/10 à ce film alors que l’énorme userbase d’IMDB ne l’a jugé digne que d’un petit 6.1/10 quand j’ai remarqué que cette moyenne extraordinairement élevée se basait sur les seules 7 utilisatrices de cette tranche d’âge ayant pris la peine de voter, la moyenne globale ayant été faite sur plus de 7’000 votes. Je suppose que cela répond à ma question. Par contre, à votre avis, ça vient du fait que parmi les filles de moins de 18 ans seules celles qui sont réellement passionnées de cinéma (et détiennent le bon goût, le vrai l’unique) ont un compte IMDB et prennent la peine de voter, ou plutôt que les filles de moins de 18 ans s’enthousiasment naïvement sans retenue aucune ? Ou alors, dernière possibilité, la plus évidente peut-être : serais-je une fille de moins de 18 ans ?
PS : en me relisant, je remarque qu’une référence à IAM s’est glissée « à l’insu de mon plein gré » dans ce post. Où est Charlie ?
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Durée : 01:56:00
Étiquettes : 2000-2009, Bill Murray, Jim Jarmusch
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Ce film est absolument génial et la bande-son est magique.