le 18/08/2011 par victor
« We sit in the house, and slowly the world we are living in is getting smaller, and all we say is, ‘Please, at least leave us alone in our living rooms. Let me have my toaster and my TV and my steel-belted radials and I won’t say anything. Just leave us alone.’ Well, I’m not gonna leave you alone. » ~Howard Beale
En cette période de crise, je vous propose une critique du film Network, de Sidney Lumet (✝ 2011). Aux Academy Awards, ça fait : meilleur scénario original (i.e. écrit directement pour l’écran), meilleur acteur (Peter Finch), meilleure actrice (Faye Dunaway), meilleure actrice dans un second rôle (Beatrice Straight).
À la fois comédie noire et film dramatique, Network est avant tout une satire de la télévision américaine, de la société américaine, et du rapport que ces derniers entretiennent. Un film politique, une critique de la société et un film qui, plus de quarante ans après sa sortie, est plus d’actualité que jamais.
Présentateur TV aux 25 ans de carrière, Howard Beale (Peter Finch), dont l’audience est à la baisse, apprend de son ami de toujours et directeur de la chaine UBS qu’il est viré. Ayant de longue date perdu ses illusions, il annonce à son directeur son intention de se tirer une balle dans la tête durant son dernier direct. Ce dernier s’extasie devant l’idée géniale, du jamais vu, de quoi faire péter l’Audimat™. Beale l’annonce alors à l’avance, en live, justifiant son suicide par son licenciement de la seule chose qu’il avait dans la vie, et souhaite à son boss que son acte lui rapporte au moins 50% des parts de marché.
Pour Beale, c’est le début d’une nouvelle carrière. Toujours à la télévision, toujours devant les caméras, toujours en live, mais cette fois en donnant sa version du monde et de ce qui s’y passe, son analyse de la société, son avis brut de décoffrage plutôt que la propagande de son téléprompteur. Le début d’une carrière de terroriste télévisuel, en somme.
Dire que ce film est drôle serait présumer de votre humour, je vais donc dire que ce film est très cynique (je sais que l’émission fictive The Mao-Tse Tung Hour présente dans ce film fera sourire certains d’entre vous). Ce que dénonce Beale dans ses prêches, la déshumanisation de la société, la désinformation dont la TV est responsable, les grandes sociétés qui rachètent les petites puis se font racheter par d’encore plus grands groupes et le libéralisme américain en général, la culture de l’Audimat/la TV/les médias en général, le carriérisme à tout prix, le cours des devises et la culture du pétrole, est décidément encore bien assez actuel.
Le film va tellement loin (peut-être trop à certains moments) dans cette veine dénonciatrice et subversive qu’on peut très sérieusement se demander quel accident cosmique a permis à ce film de remporter des Oscars. Les membres de l’Academy étaient bien plus vraisemblablement inattentifs qu’enthousiastes.
Vu pour la première fois trop jeune pour vraiment le comprendre et revu plusieurs fois depuis, j’adore ce film. On en cite principalement le scénario et les acteurs et on oublie souvent de relever combien l’esthétique y est aboutie. Si j’avais le film sous la main, je sais quelles deux images j’en sortirais pour illustrer cet article : une du discours du directeur dans la salle avec la longue table pleine de lampes, et une de Faye Dunaway debout dans les locaux de la TV, tournant le dos à une mégapole qu’on devine à peine, dans l’angle du 40e étage d’un gratte-ciel vitré, dans cet éclairage particulier de néon tamisé. Vous vous ferez une idée et en retiendrez les images qui vous plairont, bien entendu.
J’ai voulu poster un trailer mais n’en ai pas trouvé qui vaille la peine.
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Durée : 02:01:00
Étiquettes : 1970-1979, Faye Dunaway, Peter Finch, Sidney Lumet
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Belle plume et belle critique du film Victor ! Pour ma part, je trouve le film exceptionnel par sa cohérence qui rend l’oeuvre toujours d’actualité et ce presque 40 ans plus tard.
Le contrôle de l’information aura toujours été au coeur de l’histoire.
Avec la télévision qui devient un média de plus en plus obsolete il devient clair qu’Internet est le nouveau « tube ». ENcore plus puissant puisque qu’interactif !
Ce n’est pas pour demain le retour de l’humain comme moteur important de l’économie !