Critique du film
The Darjeeling Limited (2007)

le 27/09/2011 par olivier

Trois frangins qui ne se sont plus parlé depuis le décès de leur père se rencontrent en Inde, où ils vont entreprendre un long voyage à bord du Darjeeling Limited, train bigarré qui sera pour eux l’occasion de s’engager dans une « quête spirituelle » destinée à leur faire oublier leurs griefs. Sauf que bon, la fratrie n’est pas banale. L’aîné, Francis (Owen Wilson), a la tronche couverte de bandages parce qu’il a fait un « accident de moto », celui du milieu, Peter (Adrien Brody) est en proie à des migraines terribles parce que son couple vit des moments étranges, tandis que le dernier, Jack (Jason Schwartzman), est une espèce de satyre moustachu qui passe son temps à écouter des messages enregistrés sur le répondeur de son ex. Maintenant que les présentations sont faites, il me semble presque inutile d’indiquer que le voyage ne se passera pas comme prévu…

La fratrie en question.

The Darjeeling Limited sort en 2007, soit 3 ans après The Life Aquatic with Steve Zissou, et appartient au même style difficilement qualifiable, ce mélange de comédie absurde, de drame et de portrait familial. Alors que The Life Aquatic racontait, parmi d’autres choses, la rencontre d’un fils avec son père devenu célèbre, The Darjeeling Limited est le récit d’une tentative de réconciliation entre trois frères aux vies un peu brisées, peut-être par la mort de leur père (une figure presque sacrée dans le film), probablement par d’autres choses aussi, plus personnelles, que le spectateur découvre partiellement à mesure que le scénario se développe. Pourtant, malgré la gravité évidente de ces micro-drames intimes, le film maintient un ton léger, élégant, émouvant, heureux même, et surtout absolument hilarant. Je dirais que c’est là la force première d’Anderson, qui calfeutre d’humour les douloureuses béances de ses personnages, renversant toute forme d’a priori psychologique, et construit ainsi des figures inattendues, étonnantes, auxquelles on s’attache parce qu’elles renvoient, au travers du spectre coloré d’une Inde fantasmatique, l’image d’une fraternité inhabituelle, qui se pose des questions sur sa propre validité, et qui collecte progressivement des éléments pour y répondre.

« I wonder if the three of us would’ve been friends in real life. Not as brothers, but as people. »      ~Jack

Une histoire de famille donc, mais le récit d’une itinérance aussi, dans un pays inconnu, immense, filmé comme la mer était filmée dans The Life Aquatic, comme s’il s’agissait d’une entité magique, foisonnante, fantastique. Toutefois, le pays importe peu (je crois bien que l’Inde n’est jamais mentionnée, sinon indirectement dans le titre du film), ce qui compte surtout, c’est l’ailleurs, un ailleurs qui est le lieu d’une autre vie, à laquelle les trois frères sont confrontés dans des scènes parfois tragiques, le lieu d’une autre esthétique également, dont le rendu à l’écran a souvent quelque chose d’irréel. Tout cela défile à une allure alanguie, mais parfaitement rythmée, Anderson sachant très bien faire s’alterner des scènes d’intérieur tournées en studio (ceux qui ont aimé le bateau de The Life Aquatic se régaleront du train dans The Darjeeling Limited), et des scènes d’extérieur parfois composées de plans d’ensemble particulièrement réussis.

Un plan que j'ai trouvé fantastique.

« I love the way this country smells. I’ll never forget it. It’s kind of spicy »    ~Peter

Épicé. Un terme qui convient bien à ce film, à son goût à la fois râpeux et savoureux, à ses couleurs, à sa bande-son, et surtout à ses dialogues.


The Darjeeling Limited (2007) : Fiche technique

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Durée : 01:31:00

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